Penck – L’Œil de Verre
(Berlin, quelque part entre 1979 et maintenant)
Il se tient à la fenêtre –
pas par habitude,
ni par curiosité –
mais parce que le verre montre
plus que ce qui est dehors.
La vitre s’embue.
Un souffle.
Un doigt trace une ligne :
voie de fuite,
coupure dans le temps.
S’il regarde le pays,
il voit le temps de lui-même à l’avance.
Le mur est-il tombé –
ou vient-il d’être construit ?
Berlin s’étale, morcelé de brouillard,
dessiné par les rêves et les blessures.
Entre les façades,
l’écume d’asphalte brille,
marches superposées comme les années.
S’il regarde le pays,
il voit le temps de lui-même à l’avance.
Le mur a-t-il jamais existé ?
Derrière lui, la pièce pèse lourd.
Rideaux de velours, témoins muets,
pliés, chargés de poussière.
Le passé s’y cache,
l’avenir y glisse comme la lumière
dans un vieux théâtre –
visible seulement à qui s’arrête.
Un œil de verre dans la façade.
Il voit –
non pour surveiller,
mais comme seconde rétine
pour ce qui n’est pas encore.
S’il regarde le pays,
il voit le temps de lui-même à l’avance.
Il prend sa pochette,
son alphabet de résistance,
et sort –
non à travers le mur,
ni par-dessus,
mais à travers l’idée
qu’il a été,
et qu’il est encore.
L’instant s’efface.
La ligne reste.
Dans la poussière,
le prochain dessin commence.
ais
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Text und Bild : Andreas Stock Ort : Berlin |
Penck – Das Glasauge
(Berlin, irgendwo zwischen 1979 und jetzt)
Er steht am Fenster –
nicht aus Gewohnheit,
nicht aus Neugier,
sondern weil das Glas mehr zeigt
als das, was draußen ist.
Die Scheibe beschlägt.
Ein Atemzug.
Ein Finger zieht eine Linie –
Fluchtweg,
Schnitt in der Zeit.
Wenn er auf das Land blickt,
sieht er seine eigene Zeit voraus.
Ist die Mauer gefallen –
oder wird sie gerade gebaut?
Berlin breitet sich aus,
zerschnitten vom Nebel,
gezeichnet von Träumen und Wunden.
Zwischen den Fassaden glänzt Asphalt wie Schaum,
Stufen geschichtet wie Jahre.
Wenn er auf das Land blickt,
sieht er seine eigene Zeit voraus.
Hat es die Mauer je gegeben?
Hinter ihm lastet der Raum.
Samtvorhänge, stumme Zeugen,
gefaltet, schwer von Staub.
Die Vergangenheit ruht darin,
die Zukunft gleitet hindurch wie Licht
in einem alten Theater –
sichtbar nur für den, der innehält.
Ein Glasauge in der Fassade.
Es sieht –
nicht zur Überwachung,
sondern wie eine zweite Netzhaut
für das, was noch nicht ist.
Wenn er auf das Land blickt,
sieht er seine eigene Zeit voraus.
Er nimmt seine Mappe,
sein Alphabet des Widerstands,
und geht –
nicht durch die Mauer,
nicht darüber hinweg,
sondern durch die Idee,
dass er war
und noch ist.
Der Augenblick vergeht.
Die Linie bleibt.
Inmitten des Staubs
beginnt die nächste Zeichnung.
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